La révélation
J’étais encore au bureau, sur le point de partir après un dernier mail, et je regardais mon travail avait d’éteindre l’ordi. Ce jour là je travaillais sur un projet assez complexe, et à ce moment là j’ai eu l’impression de le maîtriser complètement. Je connaissais les détails, j’avais rédigé les descriptifs, je pouvais répondre à n’importe quelle question technique et expliquer toutes les décisions prises. Un peu comme si j’étais au volant d’une énorme machine bien rodée, je pouvais anticiper les changements du projet comme des virages.
Et cette sensation était si agréable que je me suis dit : pourquoi je n’essaye pas d’en arriver là dans un projet d’illustration ou de bd ? Pourquoi ça me semble normal de passer 6 mois sur un projet du bureau et pas sur un projet perso ?
En fait, il n’y a aucune différence, ce sont deux projets !
C’est en posant ce constat que je me suis rendue compte que j’avais un gros blocage avec les début de projets. Au bureau aussi, mais le contexte fait que je suis obligée de m’y mettre, alors qu’en dessin personne ne me pousse à rien. Et c’est justement le piège.
Créer un projet c’est quelque chose de très intimidant. Il faut à la fois construire un univers, être un bon créatif, être un bon technicien aussi. Mais comment est-ce qu’on sait qu’on est assez bon ? Comment on jauge la quantité d’effort nécessaire ? La qualité suffisante ? Est-ce que je ne devrais pas attendre encore un peu d’avoir amélioré mon trait ? De mieux maitriser la couleur ?
Bien souvent la réponse est non. Rien n’est pire que l’immobilité en dessin. Il faut faire des projets, avancer, se heurter à ses erreurs, accepter d’en faire, chercher à en faire même. Même si ça fait peur.
On peut aussi se créer ses propres outils et ses propres critères qui permettront de vérifier que le projet fonctionne sur le plan artistique et technique.
« Si on comprend bien ce que j’ai voulu dire, c’est bon »
« Je sais que si je met ce contraste là, la lisibilité est suffisante »
« Si telle personne, qui est assez difficile, me dit que c’est joli, ça ira »
Créer nécessite une forme d’inconscience, d’oublier d’analyser ce qui est « bien fait » ou « mal fait ». Ne pas se comparer aux autres, continuer à dessiner, y prendre du plaisir, un peu comme un enfant, se faire rire soi-même, ou pleurer, se mettre une bonne fois pour toute dans la tête qu’on ne crée pas de chef d’oeuvre.
J’espère que ma petite prise de conscience pourra vous aider vous aussi à lâcher prise.
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